Djamel Belmadi/Riyad Mahrez (Algérie) : « On doit prouver qu’on peut gagner »

A la veille de leur match fatidique face à la Côte d’Ivoire pour le compte du dernier match de poules, ce jeudi à Douala, en vue des qualifications en 1/8e de finale, Djamel Belmadi et Riyad Mahrez étaient présents pour répondre aux questions des journalistes ! Avec un seul point au compteur, les Verts sont dans l’obligation de l’emporter demain pour espérer passer.

Africa Top Sports – Depuis ce début de compétition, nous avons vu une équipe d’Algérie méconnaissable, avec un manque d’organisation et de solidarité, avec cette pression négative autour de votre équipe, Belaili esseulé qu’on a vu plus jouer devant pour apporter les solutions ou marquer à la FIFA Arab cup ou lors du fameux match contre le Burkina Faso (en match de qualification 2-2, ndlr), joue milieu actuellement on va dire, tous vos adversaires voulaient la peau des Verts, demain vous devrez changer la tendance et arracher votre qualification ? Comment pouvez-vous nous expliquer tout cela coach ?

Djamel Belmadi – Ecoutez ce n’est pas pour aller à contre sens de ce que vous dites, mais je ne suis absolument pas d’accord sur ce que vous venez de parler, l’Algérie méconnaissable, désorganisée ? Je ne sais pas ce qui a pu vous orienter vers ce genre de question… Plutôt une équipe d’Algérie inefficace, qui a manqué d’adresse, qui a fait en sorte de ne pas concrétiser les actions qu’on a pu avoir, je pense que si on aurait fait ça [vous n’auriez pas eu à poser cette question].

On a pris un but sur coup de pied arrêté contre la Guinée Equatoriale, ce qui est invraisemblable en soit, les 10 dernières minutes du match contre la Guinée Equatoriale sont anecdotiques, on misait tout sur la victoire, là vous parlez de désorganisation… En soit c’est pas ça le problème. Si vous voulez parler de Belaili on peut parler de niveau différent, il s’est crée beaucoup d’occasions, qu’on n’a pas concrétisé, ça aurait été plus exact de parler de ça que d’autre chose.

 

Journaliste – Est-ce une petite finale pour vous contre la Côte d’Ivoire ?

D. B. – Effectivement ça pourrait être un match de finale, on y trouverait rien à redire que ça aurait pu être une finale de la compétition en elle-même. Un peu comme l’avait été notre match en phase de groupe en 2019 contre le Sénégal, qui avait aussi été la finale de cette édition. Espérons que ça soit le cas demain aussi.

 

Journaliste – Comment voyez-vous ce démarrage de la CAN 2021 ?

Riyad Mahrez – Comme toutes les autres CAN, c’est l’Afrique c’est un football particulier, avec des conditions particulières. Notre début de CAN, au niveau des points il n’est pas ce que l’on souhaite, au niveau du jeu et ce qu’on produit. Il n’y a pas tout à jeter, on fait des bonnes choses, on se crée des occasions. Comme l’a dit le coach il nous manque juste l’efficacité, il faut passer par ces moments-là parfois pour trouver des solutions, et faire la différence et passer [la prochaine phase].

 

Journaliste – Les médias croient toujours dans la qualification de l’Algérie comme tout le peuple. Etes-vous confiants pour demain ?

D. B. – Si on est confiant sur la rencontre de demain, nous savons que nous avons tout le peuple derrière peuple, ce n’est pas une nouveauté. Notre focus c’est de jouer et de montrer nos qualités sur le terrain, les points forts, c’est pas quelque chose de nouveau, il faut que nous marquions et cela va changer [la dynamique], nous le savons, c’est ça qui nous manque et nous travaillons dessus, on essaye de travailler cette détermination, afin de rendre fier le peuple. Ca ne tient pas à grand chose. On peut parler jour et nuit, mais le plus important sera le terrain, on doit prouver qu’on peut gagner, on en a conscience, et j’espère que demain on le prouvera.

 

Journaliste – Sentez-vous un peu plus de responsabilités que les autres joueurs ?

R. M. – Non j’ai envie de dire, la pression on vit avec, on l’a toujours, un peu plus de pression peut être [en tant que capitaine], oui vue la situation actuelle de notre groupe, où il faut absolument gagner. Mais j’ai envie de dire la pression on l’a toujours, on joue, on doit savoir la gérer, ça fait partie du football. Des responsabilités j’en ai depuis 2016/2017, j’ai toujours eu plus de responsabilités, par rapport à ce que j’ai fait dans mon club [Leicester et Manchester City], mais je pense que notre équipe à beaucoup de qualités, on a montré auparavant qu’on savait jouer avec la pression, et même dans les moments difficiles on a su rebondir, et il faut le montrer demain, donc demain ça va être un match ouvert, avec deux équipes qui voudront gagner, et 4 équipes qui peuvent toujours se qualifier.

 

Journaliste – Avez-vous peur de perdre ce match et de rentrer plus tôt ?

R. M. – Je ne pense pas au fait de perdre le match et de repartir à la maison, je crois vraiment qu’on pourra faire le meilleur match pour gagner cette rencontre. Je ne peux pas vous dire qu’on va gagner ou perdre, mais dans tous les aspects qu’on va mettre en place, je suis très optimiste sur le fait qu’on restera longtemps au Cameroun.

 

Journaliste – Etes-vous en colère de jouer ici à Douala, sur cette pelouse ?

D. B. – Non je ne suis pas en colère de venir ici, on a enchainé 35 matches sans perdre, on sait que c’est difficile de venir avec cela dans les bagages, on respecte toutes les équipes, on mérite de gagner par rapport aux chances qu’on a eu lors des deux premiers matches, c’est un problème de joueurs, mais pas de l’état d’esprit, ou de là où on joue.

La compétition n’est pas finie, Riyad vous a répondu. Ca sera un match difficile, avec une grande équipe et demain nous verrons.

 

Journaliste – Sur la programmation des matches

D. B. – Je ne réfléchis pas au fait de jouer tel ou tel jour, j’analyse les matches, on n’a pas réussi à marquer, je reste dans le domaine technique. Si on avait concrétisé nos occasions on ne serait pas entrain de se poser des questions. C’est à travers ça qu’on va gagner des matches et non à la programmation des matches.

 

Journaliste – Sur l’aspect psychologique des joueurs

D. B. – On doit gagner, c’est capital. Et pour gagner contre la Côte d’Ivoire il faut beaucoup de choses, car la qualité de l’adversaire est là, collectivement/individuellement. C’est un match qu’on doit gagner, pour absolument gagner. Il n’y avait pas cette situation d’urgence avant [contre la Sierra Léone et la Guinée Equatoriale], là si on ne gagne pas on sort, donc ça rentre dans les calculs. Mais que ça ne devienne pas une obsession. C’est un challenge, un gros challenge, ça nous est arrivé plusieurs fois, avec des matches où on a toujours répondu présents, on n’est pas des amateurs, on n’est pas nouveau, c’est une situation complexe, mais il faut la rendre positive, pour montrer les qualités psychologiques morales qu’on a.

 

Journaliste- Sur la motivation de jouer ce match dans un groupe ouvert

R. M. – Bien sûr, nous sommes dans une situation où nous devons gagner, nous n’avons pas perdu depuis le dernier match, nous sommes prêts pour donner le meilleur, nous sommes motivés pour rendre fier notre peuple, avec beaucoup de soutien. Tout est dans notre camp pour faire le meilleur match possible et nous méritons d’aller plus loin, mais nous devons le montrer sur le terrain. Nous étions invaincu et nous avons perdu, ça pouvait arriver contre n’importe quelle équipe. On doit revenir focus, pour faire la meilleure CAN, pour nous-mêmes, le peuple, nos familles…

 

Journaliste – Ce match n’est-il pas le plus complexe pour vous, la série d’invincibilité, le terrain difficile ?

D. B. – Crois moi pour avoir vécu ces matches avec l’équipe nationale, je le classerais peut-être pas dans les plus complexes. Au tout début [en 2018] quand on était dans une situation peu reluisante, chaque match était difficile, j’ai joué en Gambie sur un terrain d’une pelouse d’un mètre, j’ai joué au Togo à 14h/15h sous une chaleur extrême. Les joueurs ne sont pas arrivés aujourd’hui, ça fait 3 ans que les matches sont difficiles. Arriver à ce stade ça reste le plus difficile. Mais je dis pas que c’est facile demain, il n’y a rien d’amical.

Même dans nos matches de préparation, on joue à chaque fois notre vie, on a jamais pris un match sans concentration, sans responsabilités, on sait qu’on a un peuple qui meurt pour nous. Le sentiment où je suis c’est de prendre des décisions, dans le choix des joueurs, jamais j’ai pris les choses à la légère, j’ai toujours été dans le dur, peut être que j’aime être présent sur ça. Plus la difficulté est grande, plus j’aime ca. Je suis venu car c’est mon pays, je voulais rentrer dans cette arène aux lions, et tant que je suis en charge je l’aurai au dessus de mes épaules, ça prend de l’énergie, mais la vie je la vois comme ça, et je l’ai voulu depuis le départ cette pression.

 

Journaliste – Riyad, quel a été votre message aux joueurs pour les motiver ?

R. M. – Le message il est simple, demain on est dans l’obligation de gagner. Est-ce que ça change de nos 38 derniers matches avec le coach ? Non ça ne change pas notre vision des matches, on veut toujours gagner, à nous d’élever notre niveau, parce qu’on a manqué d’efficacité. On doit peut-être faire plus spontané dans le dernier geste. Y’a pas grands choses à dire, quand on est dos au mur, y’a pas à trop parler, tout le monde sait ce qu’il doit faire, et tout le monde doit tout laisser sur le terrain.

 

Journaliste – La Côte d’Ivoire on l’a connait, mais est-ce que l’équipe est devenue plus forte depuis la dernière CAN 2019 selon vous ?

D. B. – L’équipe a changé, ce n’est pas les mêmes joueurs, ni le même entraineur, y’a encore le socle, mais on ne peut pas toujours se baser sur le passé, même si on peut en tirer des enseignements. Aujourd’hui c’est une situation différente, une équipe différente et c’était un quart de finale en 2019. Pour eux ils sont presque déjà qualifiés là, et nous nous devons de gagner pour l’être, ce sont d’autres circonstances et d’autres analyses notamment techniques.

 

Journaliste – Sur la rumeur de la délocalisation du match dû à l’état déplorable de la pelouse

D. B. – Comme vous avez dit c’est une rumeur, la pelouse est dans quel état ? (le journaliste répond, catastrophique et Belmadi sourit à cela).

 

Journaliste – On a entendu que vous vouliez jouer dans un autre stade, comment sentez-vous ce match ?

D. B. – Je n’ai jamais rien dit, je n’ai pas à donner mon avis sur le terrain. Nous avons donné assez d’efforts avec mes joueurs, et je suis focus sur le travail à faire avec mes joueurs sur le terrain. Je suis concentré sur ce match, et peu importe l’environnement on doit faire avec.

 

Journaliste – Comment expliquez vous le manque d’efficacité Riyad ?

R. M. – Je ne peux pas l’expliquer, car je ne sais pas combien de match on a joué, mais je ne serais pas vous expliquez pourquoi on n’a pas marqué, c’est une malchance. Il faut qu’on change notre dynamique, on doit essayer plus, frapper plus, être plus dans la surface. Je ne vois rien d’autre.

D. B. – ce qui est bizarre dans le foot, c’est qu’on n’a pas marqué sur les deux derniers matches, les deux adversaires avec le respect que je leur dois, ne sont pas les pires équipes qu’on a affronté, c’est ce qu’on ne peut pas comprendre parfois dans le foot, ce n’est pas une science exacte. Mais le plus important, c’est que nous avons créé des occasions, nous sommes la meilleure attaque de la dernière CAN et la meilleure attaque de la qualification de la dernière Coupe du Monde pour le Qatar.

Nous ne savons pas pourquoi nous n’avons pas marqué, mais la philosophie est la même… Nous avons eu des chances, mais nous n’avons pas marqué, nous devons prendre tout en considération, et si nous gagnons nous ne pourrons pas parler de ce terrain…

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